Tuesday, March 21, 2006

Bloque ton université et je te dirais qui tu es


Vous les avez remarqués. Vous les avez vu les jeunes devant leur faculté avec des tables dans les mains en train d’essayer de bloquer les portes de l’entrée. C’est le nouveau mouvement à la mode pour contester le gouvernement : faire un blocus. Et je sais ce que tu ressens, tu te dis que ce mot te faire peur pourtant c’est simple, il s’agit d’empêcher les gens de travailler clairement de les faire chier. Et j'entend les gens qui veulent travailler. Evidemment.
Enfin au-delà de ça, sans s’intéresser aux étudiants qui comprennent le principe de démocratie et qui veulent simplement travailler partisans ou non du grand méchant loup le CPE, d’ailleurs mon propos ne portera en aucun cas sur la question de savoir si le CPE est une bonne chose ou pas, je parlerais de la forme, juste de cette forme. Pourquoi cette forme ?

« Viens jeudi ! Mobilise-toi ! On est des milliers ! »
Cela a commencé il y a quelques semaines maintenant. Les étudiants les plus mécontents ont fait « grrr on est pas contents » et voilà on y était, le mouvement était lancé. Seulement je me pose la question de savoir comment peut-on en arriver à se dire « et si on bloquait l’université ». Peut être une idée lancée par un étudiant mal réveillé ou même bourrée, idée reprise et appréciée par plusieurs étudiants en mal de mouvement et surtout en mal de reconnaissance. Effectivement peut-être qu’une université qui ne marche plus donnerait envie au gouvernement de retirer son texte, éventuellement. Seulement le problème dans tout ça, c’est que ce ne sont qu’une minorité : à titre d’exemple à la Sorbonne, il y avait 300 étudiants « vénères comme jamais, mai 68 c’est pour bientôt mon gars ! » sur 6 000 étudiants, chiffres datant des premières altercations à la Sorbonne. Y a bien un problème quelque part les enfants.

« Je mourrais pour que mon adversaire dise ce qu’il pense »
La démocratie, c’est beau c’est merveilleux. Et ce qui me dérange dans tout ce mouvement estudiantin, c’est les revendications et les actions menées au nom de la démocratie. Effectivement il y a problème car la démocratie ce n’est pas ça. Je ne remet pas en cause le fait de manifester : très bonne chose qui doit être faite pour se faire entendre mais obliger les gens à subir la manifestation, c’est anti-démocratique. Il est inadmissible qu’on empêche les gens de travailler et il est même hallucinant qu’on puisse voir des referenda ayant pour question « êtes-vous pour la poursuite du blocus ? » alors que le blocus n’est pas un moyen reconnu – au-delà du fait que ce soit un moyen ridicule – donc par conséquent la question traduit « êtes-vous pour pratiquer le blocage anti-démocratique de la faculté ? » ; à ce titre la démocratie est bafouée. Mais en outre, il existe nombre d’événements anti-démocratiques, à commencer par le boycott de vote – notamment les référendums pour les reprises de cours – avec pour raison la non reconnaissance de légitimité de leur Assemblée Générale. Légitimité effectivement douteuse : vote à main levée, grande majorité d’anti-CPE et donc pro blocage pour la plupart, du au fait que les pros sont injuriés puis jetés dehors et n'oublions pas que l'annonce des Assemblée Générales sont aussi à remettre en question. Peut-être ont-ils peur d’être minoritaire finalement, ça se comprend.

« Pourquoi vous venez nous embêter quand on fait des trucs ? »
Le titre ici, c’est une phrase d’une « militante » qui réclamait la paix pendant le barbecue organisé devant le site Portalis de Tours, alors que le fameux barbecue était indiqué comme un « débat CPE ». Cela montre l’ouverture d’esprit de ces jeunes, leur esprit fondamentalement démocratique.
Et en bonus : sachez qu’aujourd’hui même une quarantaine d’anti-CPE ont été saccagés une urne démocratique pour les élections CROUS à Tours Portalis ; élections comme vous pouvez vous en douter n’ayant aucun rapport avec le contrat première embauche.
Bravo la jeunesse.
PS : Pour ceux qui croient encore que mai 68 c'était la même chose. Arrêtez vos conneries.

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